La ville adaptable est avant tout la ville ayant la faculté d’inscrire en son sein les pratiques contemporaines de ses habitants et d’incarner leurs désirs communs. Nous pensons qu’ici naît le projet urbain et architectural, à la rencontre des qualités du territoire présent et des pratiques sociales qui s’y déroulent.
À Paris, comme dans d’autres grandes métropoles, 50% des ménages se constituent d’un seul individu. Les personnes célibataires, les professionnels en déplacement ou indépendants, abondent. Ces individus polytopiques qui multiplient leurs lieux de réalisation constituent les « néo-nomades » de la ville actuelle. De par leur situation précaire et leur désinscription spatiale, ils engendrent des pratiques dynamiques de l’espace urbain qui encouragent la révision de l’habiter métropolitain.
Dans la structure urbaine de Paris, la bande de territoire située entre les boulevards des Maréchaux et le boulevard Périphérique joue un rôle très spécifique. Outre son importante offre infrastructurelle complétée par la mise en service du tramway, elle loge une grande partie des installations collectives parisiennes. En effet, de larges équipements comme de grandes opérations de logement collectif y trouvent une place privilégiée. Cette bande nous apparaît ainsi comme la « bande collective » et infrastructurelle de la ville, capable à la fois d’accueillir des pratiques quotidiennes cohabitantes et de mettre en relation les situations de la ville historique, voire du Grand Paris. Si l’on considère que le rôle principal des pouvoirs publics est de procurer les installations et infrastructures nécessaires à la collectivité, permettant la relation des citoyens entre eux et aux multiples aménités urbaines, alors nous pensons que la ville de Paris doit se doter d’un nouvel équipement. Ce projet de collectif contemporain renouvelé trouve tout naturellement sa place sur la bande périphérique. Nous y proposons l’installation « d’unités collectives » qui, en tant que points
d’ancrage d’une culture urbaine contemporaine, incarneraient les « monuments ordinaires » de la ville.
Ce nouvel équipement ambitionne d’inscrire la précarité des pratiques nomades des acteurs métropolitains, d’encourager leur indépendance et leur créativité, et de promouvoir leur cohabitation et leurs collaborations au sein du système métropolitain.
Pour nous, ici réside le concept d’adaptabilité, dans la non-hiérarchisation et le déséchelonnage de la relation entretenue par les individus seuls entre eux et avec l’entièreté du territoire. Nous imaginons ainsi le dispositif comme une infrastructure capable de pourvoir un interrelationnel variant. L’unité située porte des Poissonniers s’imprègne des qualités du site et propose l’agrégation d’unités individuelles d’habiter, au sein d’un même élément architectural. Les unités cohabitantes restent totalement indépendantes, en relation directe avec l’environnement,et tout à fait libres de choisir leurs occasionnelles collaborations.