« France périphérique », « Territoires délaissés », « Espace de relégation »… les espaces ruraux et périurbains ont pu être qualifiés selon des termes peu amènes. La crise des Gilets Jaunes a exprimé avec force un certain sentiment de déclassement des habitants de ces territoires. Pourtant, en opposition à cette vision pessimiste, la campagne symbolise un mode de vie de plus en plus plébiscité, à tel point qu’on observe actuellement des essais divers et variés pour amener plus de nature en ville et développer une agriculture urbaine.
C’est à rebours de ce dernier phénomène que notre fil rouge s’est défini : « plutôt que d’apporter la campagne et l’agriculture à la ville, donnons envie à la ville et à ses habitants d’aller vivre à la campagne ».
L’élaboration des projets, pensés comme des perspectives à long terme, a été guidée par le choix d’une représentation graphique comme outil d’analyse et de valorisation des territoires dans leurs identités spatiale et paysagère, ainsi que par trois notions directrices :
- S’appuyer sur l’identité de ces territoires, qui offrent notamment de vastes paysages à l’horizon infini. Cette notion se retrouve de façon radicale dans notre choix graphique : trois images d’Épinal qui laissent la place à une expression picturale définie par les couleurs des saisons et par des compositions résultant de l’inscription du bâti dans les terres cultivées. Cette représentation agit comme révélateur et sublimateur des territoires en question.
- Créer et recréer du lien : du lien social, en catalysant échanges et rencontres, du lien à la terre également, et pour finir du lien et de l’équilibre entre urbain et rural. Ainsi, la zone d’activités de Tremblay-les-Villages se mue en Caravansérail dès l’arrivée de l’autoroute : il sera alors un signal dans le paysage autant qu’un lieu d’échange et de rencontres entre les gens d’ici et ceux de passage. À Saint-Lubin-des-Joncherets, un nouveau quartier accueille une communauté d’habitants qui vit et travaille dans un paysage agroforestier, mutualisant habitat et activité à moins d’une heure de Paris, situation qui permet de cumuler les avantages de la métropole et celle de la ruralité.
- La nécessité du partage et de la préservation des sols, qui s’illustre par l'intégration de la zone d’activités de Brezolles à une grande ceinture paysagère qui forme le pourtour du village, ou encore à Tremblay-les-Villages, par la réduction et la mutualisation des bâtiments de la zone d’activité des Saules, permettant à des espèces pionnières d’entamer une dépollution par phytoépuration.
Notre projet dessine des pistes pour résoudre la question de l’attractivité, qui est, à notre sens, la clé pour parvenir à couper court et à inverser les dynamiques, réelles ou ressenties, de relégation et de déclassement.
Contre le zonage, contre la table rase, contre l’abstraction, nous prônons un projet global, mixte et diversifié, s’appuyant sur la mise en valeur de l’existant, en rapport avec son environnement écologique, culturel et paysager, cherchant à répondre de manière égale aux défis sociaux et économiques ainsi qu’au défi de la transition écologique.