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Au fil de l'eau — Chalon sur Saône
Un port est lieu d'exception dans une ville, une large pause entre l'eau et le bâti, une entrave à la densité. La renaissance de l'identité du port de Chalon se matérialise par différents rapports physiques à l'eau : de larges rampes pour rejoindre le niveau du fleuve dessinent des quais bas et permettent l'accès à des embarcations liées au tourisme fluvial. Le port devient une promenade, un lieu de rencontre et de partage. L’équipe a choisi de former un front bâti, faisant face à la rive opposée. Les “têtes” des bâtiments renferment des activités liées au fleuve : embarcadère, boutiques, location de vélos, galeries d'artistes. A l’arrière, la disposition des constructions en éventail permet de déployer de multiples perspectives. Les édifices sont conçus comme un enroulement du sol portuaire qui devient toit et se ré-applatit en offrant une unification urbaine des constructions qu’il capote. Chaque pliage dessine une typologie constructive. Cette enveloppe englobe des diversités fonctionnelles en termes d’habitats, d’activités, de loisirs et de culture. Des jardins publics et semiprivés occupent l'espace entre le bâti et les venelles. Toutes les maisons individuelles sont dotées de terrasses privées et certains logements intermédiaires partagent des jardins suspendus.
Le centre historique de Chalon-sur-Saône est naturellement relié à “l'aire de réflexion” par les quais. Le projet envisage d’animer ce cheminement par une unité formelle, un sol en mouvement qui tend à se rapprocher et à s'éloigner du fleuve, à se transformer en auvent ou en mobilier urbain, à se creuser, à se bomber, par des activités éphémères et des modes de déplacement doux. La réflexion sur les limites du projet est essentielle car elle doit préserver la ville des nuisances visuelles (zone industrielle) et sonores (passage de la rocade) sans bloquer la potentialité d’extension fluide et continue.
L'avis du jury
Le jury a unanimement apprécié la capacité du projet à entrer en résonance avec le site et ses principales composantes, notamment à travers son traitement des quais et le rapport à l'eau. La fabrication d'une ligne de ciel, “skyline”, qui fait écho au centre-ville est indéniable. Bien que jugé d'un urbanisme assez classique, le projet révèle une grande richesse d'espaces publics et de cheminements reliant le Nord et le Sud. Il développe également des propositions intéressantes en terme de mixité et de diversité d'activités. Enfin, la préoccupation de Haute Qualité Environnementale parachève l'aspect réfléchi et bien contextualisé de la proposition.
L'équipe
L’une commence une phrase, l’autre la finit et cela fait quinze ans que ça dure... Ces deux architectes se ressemblent et pas seulement physiquement. Gaelle Cuisy et Karine Martin ont suivi ensemble leurs études à l’école d’architecture de Versailles et multiplient, chacune de son côté, les expériences professionnelles : urbanisme, architecture et aménagements de boutiques, tout est bon pour nourrir une réflexion sur l’espace à l’échelle de l’objet ou à celle de la ville. Ensemble, elles répondent à des concours internationaux mais peinent à s’imposer en France, sans références autres que des travaux réalisés sous le nom d’une agence. Attirées par “LE” concours qui fait rêver tous les architectes et le côté presque insulaire du site de Chalon, elles ont apprécié le travail d’équipe et l’obligation de travailler à la fois la fabrication de la ville et le détail des bâtiments.
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