L’appel manifeste d’un besoin de cohérence émis par la ville d’Evreux invite à réinterroger son inscription territoriale et appuie notre démarche préalable à l’identification des enjeux de la gare. Notre posture initiale est de considérer les caractères productifs d’une ville comme sa capacité à générer des échanges de toute nature, en favorisant la rencontre d’usagers aux chronotopes variés. Car ce sont bien ces échanges — qu’ils soient de biens, de services, de savoirs — qui fabriquent la cité.
Une cohérence à retrouver réside dans l’organisation des mobilités. Le maillage de l’agglomération, très déterminé par la vallée, met en avant une somme de flux transversaux que nous souhaitons reconsidérer, renouveler et dépasser par la mise en place de trois outils :
– Les catalyseurs ébroïciens, programme itératif sur l’agglomération intégrant une intermodalité de transport (part générique), et une programmation locale en lien avec les besoins du quartier dans lequel ils s’inscrivent (part spécifique).
– Les interventions proactives, projets d’échelles et de montages variés, dont la somme constitue un axe fédérateur étendu du haut du côteau Saint–Michel à l’extrémité sud de la ville.
– Les dynamiques hybrides à insuffler pour permettre au site de la gare d’affirmer sa fonction d’échange au travers d’un regard nouveau porté sur l’économie de la connaissance et la transmission de savoirs entre usagers.
Ces outils aux enjeux propres sont autant d’articulations urbaines d’intérêt collectif convergeant vers un objectif partagé : organiser l’échange de mobilités, stimuler la mobilité des échanges. Elles partagent également l’attention portée aux forces en présence, aux énergies existantes : elles se veulent la résultante de processus favorisant l’effet « bottom-up », où l’ensemble des acteurs à impliquer est à même de faire émerger des besoins et d’être force de proposition. Enfin, elles intègrent des degrés d’adaptabilité selon les enjeux qui les concernent. Cette gestion des aléas s’exprime par exemple dans la réversibilité programmatique des catalyseurs, dans l’indépendance opérationnelle des interventions proactives, dans les stratégies évolutives mises en place selon le devenir de la gare et de sa potentielle inscription dans la LNPN. Au cours de leur fabrication, ces articulations sont l’opportunité pour l’ensemble des acteurs d’activer un imaginaire et une conscience autour des qualités à l’origine de l’identité d’Evreux.