Saint-Brieuc est une ville côtière qui, au fil des années, s'est développée sans la mer. L'ambition transversale de notre proposition est donc de réorienter Saint-Brieuc vers la baie. Pour faire sens, le projet échafaude une stratégie évolutive qui fait le lien entre le centre ancien, les rivages, l'université et le port. Cette matrice prolonge les contours d'une infrastructure ferroviaire délaissée, l'ancienne voie de fret reliant la gare au Légué, pour mettre en scène des projets partagés. Elle consiste en l'ouverture progressive et à moindre coût d'anciennes enclaves industrielles, l'installation de nouveaux programmes qui prennent appui sur des initiatives innovantes déjà à l'œuvre dans l'agglomération ou encore des processus de dépollution localisés.
Cette approche relie la difficulté de cette ville à s'agencer autour de son patrimoine paysager de bord de mer et l'opportunité foncière immédiate des deux sites dits "opérationnels". Ces deux sites portent ainsi des enjeux à court terme parmi plus d'une dizaine d'autres dont le potentiel est révélé à plus long terme.
Ainsi, pour nourrir notre réflexion sur la mutation à court terme du centre-ville et des friches du Légué, il a d'abord fallu s'attarder longuement sur un grand territoire au paysage morcelé, escarpé et sinueux. Les échelles intermédiaires, les récurrences observées, la topographie, l'histoire des lieux ont guidé notre réflexion Ces analyses préalables ont montré l'intérêt d'élargir le périmètre géographique de l'étude en intégrant notamment la vallée du Douvenant et la nécessité de formuler une réponse multithématique.
C'est grâce à ce travail que nous avons fait émerger des outils d'intervention contextualisés qui portent une réflexion sur des sujets divers mais complémentaires (l'avenir du patrimoine, les modes de déplacements entre vallées, la nécessité de valoriser le centre-ville vétuste, penser la modularité des surfaces à bâtir, localiser les processus de dépollution, etc...). Chacun des outils définit un principe d'intervention considéré comme fondamental et potentiellement innovant. À titre d'exemple, l'outil nommé macro-architecture traite de la dimension des futurs ouvrages à construire. L'idée étant de concevoir des architectures capables - de par leur échelle - de souligner les traits d'une topographie et de s'ancrer dans un site pour en révéler un autre. D'autres outils traitent du statut des sols et de leur protection L'outil du parcellaire volumétrique, partant du constat de la pollution des sols et des difficultés de gestion de celui-ci par le privé, propose de maintenir le sol public et de permettre des découpages fonciers au dessus du niveau de sol commun, assurant tant l'appropriation de leurs logements par les habitants qu'une gestion publique des terrains. Ces outils sont autant d'ingrédients qui permettent de formaliser les contours du "Boulevard de la Mer" et le dessin précis des interventions proposées pour chacun des deux sites.