UN PAYSAGE RELATIONNEL
Après 35 ans, le paysage de Marne-la-Vallée est mature et est devenu un véritable écrin pour la ville. Mais il demeure en décalage avec son territoire. La ville ici ne s’est pas bâtie sur des traces préexistantes d'un parcellaire ou de contraintes géographiques comme la rivière Maubuée. L'omniprésence du toit à double pente tente de faire oublier que ce paysage n’est en rien vernaculaire. Il s’agit d’un paysage planifié à but ornemental : c’est un système de parcs en abîme. C’est un paysage politique mettant en scène la Ville dans la Nature, comme le château de Versailles était mis en scène par son jardin.
En 35 ans, la pensée territoriale a largement évolué tout comme les attentes de la société vis-à-vis du couple ville-nature, en particulier avec l’émergence des questions environnementales. Les qualités ornementales de la nature semblent moins prégnantes par rapport à la question de la limitation de la pollution, de la préservation de la biodiversité. Parmi ces nouveaux enjeux la place de l’alimentation et la compréhension du lien intense entre paysage et production agricole a pris une place importante avec la popularisation du bio, du fair et des circuits courts.
L’évolution du statut du paysage est un levier puissant pour rendre la ville plus inclusive et relationnelle. Ce paysage relationnel s'incarne dans le territoire selon trois modalités :
- le paysage du maillage qui accompagne les mobilités locales, facilitant la lisibilité de liens directs entre les différents quartiers et les équipements ;
- le paysage comme espace de socialisation, autour d’événements partagés, d’entraides dans les jardins, d’échanges de savoir et de savoir-faire sur cet environnement commun ;
- le paysage qui met en relation le producteur et le consommateur par la mise en place de circuits courts.
TOP-DOWN VS BOTTOM-UP
Parmi les orientations du concours, nous avons détecté un antagonisme entre deux attentes : d’une part la demande classique d’une vision globale pour le devenir du site et d’autre part de proposer des modalités de projet faisant coopérer l’ensemble des acteurs locaux, habitants inclus. La première attente correspond à un processus top-down et la seconde à du bottom-up.
Face à cet antagonisme, notre réponse est composite : d’une part nous proposons une vision globale qui propose de sortir de l’organisation en secteurs du tissu urbain en le remaillant et le densifiant ponctuellement. Ces actions permettent une réorganisation de la place de la voiture ouvrant un nouveau rapport à l’espace public.
Ces propositions n’étant réalisables qu’avec les habitants, une médiation est organisée, il s'agit du second volet de notre proposition : un festival triennal sur le paysage de la ville nouvelle permet à la fois de mettre en valeur ce bien commun et de tester de nouveaux usages pour transformer l’espace vert ornemental en paysage relationnel.
Les transformations lourdes sur les infrastructures et légères sur les espaces verts se nourrissent mutuellement.