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Concentrer / Morceler : 2 figures structurantes pour un développement différencié — Paris-Saclay
Véritable morceau de géographie, grande institution publique, la beauté évidente du site et du programme de « Campus-Vallée » est pourtant largement sous valorisée, voire invisible. Addition aléatoire de bâtiments isolés perdus dans une nature trop grande, avec, pour seule structure et espaces publics, la desserte routière ; immense mais isolé, il est peu accessible et sans articulation avec le centre-ville de Bures-sur-Yvette tout proche et cherchant à se développer. Un problème d’échelle relative et de lisibilité aboutit à une situation paradoxale et déséquilibrée.

Sa restructuration repose sur deux figures complémentaires (cours et lanières) permettant à la fois de révéler le grand paysage et de développer un programme différencié guidé par l’université et la volonté de rationalisation, par la ville et la volonté d’ouverture. Rassembler, réduire, resserrer le territoire de l’Université dans un archipel minéral des cours universitaires ouvertes sur la rivière permet de replacer l’eau au coeur du campus et offre un nouvel espace universitaire lisible, cohérent, animé. Répartir, étendre, morceler les éléments d’une programmation universitaire et urbaine (à dominante sportive et ludique), puis les étirer jusqu’à la ville dans les lanières, bandes paysagères de 24 m de large, très végétales, traversant le site de la rivière jusqu’au coteau, permet de structurer un grand parc, en maîtrisant la répartition et le dimensionnement des programmes. Les cours sont propices aux mutualisations, aux rencontres, à l’animation d’un site universitaire ; les lanières permettent l’ouverture sur la ville, l’épanouissement du paysage, les circulations entre ville et campus, les usages partagés.

Elles s’imposent enfin comme une structure forte assurant la cohérence du développement d’un projet long et complexe, mêlant une multiplicité d’acteurs. Le projet immédiat consiste alors à faire émerger rapidement ces dispositifs sur le site pilote, en s’appuyant sur les premiers programmes prêts à s’installer (les logements universitaires), associés à la recomposition du pôle enseignement existant et à la rénovation du paysage et des espaces publics. La formation d’un sol minéral, la relocalisation des fonctions pédagogiques et les nouvelles résidences étudiantes construisent les cours à partir des bâtiments et des parkings existants. Les premières circulations et plantations, les programmes de plein air, les nouveaux logements individuels universitaires s’inscrivent dans les lanières.

Les figures se développent ensuite et se généralisent sur tout le campus : surélévation, densification et apparition de nouvelles cours, maturation du paysage, nouveaux programmes, déploiement des circulations vers le centre-ville et le plateau dans les lanières. Adaptable parce que « différencié », le projet affirme autant l’intensité du programme que la porosité du site. Adaptable car conçu comme un processus, son développement sera d’autant plus souple qu’il aura lieu à l’intérieur d’une structure solide.
interviews
  • Suzanne Jubert, architecte
  • Retour sur le projet et l'équipe
  • Parole à la ville
L'avis du jury
La qualité de ce projet réside dans la mise en place de deux figures urbaines complémentaires:
- des cours : orientées sur la rivière et formées par agglomération de nouveaux programmes autour des bâtiments existants. Elles sont implantées sur les espaces déjà imperméabilisés des parkings. Elles proposent des dominantes programmatiques: cours-campus, cours-résidences (logements étudiants)
- des lanières: bandes paysages Nord-Sud de 24m de large du plateau jusqu’à la rivière, installées dans la topographie, elles peuvent être bâties ou non-bâties, et accueillent des logements individuels pour chercheurs ou jardins, des vergers, des terrains de sport.
 
Le jury a apprécié la pertinence de cette stratégie de rassemblement des formes urbaines et architecturales autour de cours orientées qui permet de redonner une mesure à l’étendue du site du Campus. Le jury a par ailleurs souligné la qualité adaptable de la proposition qui développe un phasage intéressant.
L'équipe
Après un cycle d’études mêlant architecture et sciences humaines, mon parcours professionnel en tant qu’architecte n’est pas linéaire mais est fait d’expériences volontairement contrastées. Après une première expérience au Renzo Piano Building Workshop à Gênes et une petite lucarne ouverte sur le très grand projet du Harvard Museum à Boston, des concours et projets d’équipements publics chez 5+1AA, ou plus centrés autour de la question du patrimoine chez Philippe Prost, mes choix se sont progressivement et naturellement portés vers des projets d’échelle plus larges.Deux ans passés chez Michel Desvigne Paysagiste m’ont permis d’aborder le projet urbain d’une manière vivante et pragmatique, et d’envisager le temps de construction de la ville sous une autre échelle et via d’autres temporalités. Aujourd’hui architecte-urbaniste à l’agence Bres+Mariolle je travaille sur différents sujets à des échelles très différentes (du Grand Paris à la Zac Montjoie à Saint-Denis).

Complexité du projet urbain, échelles, temporalités et acteurs multiples, aléas… Europan propose justement de partir de ce postulat pour construire un projet. La thématique de l’« adaptable » était pour moi plus encore une manière de l’interroger en évitant les réflexes, les dessins trop figés, les acquis pas assez remis en cause. La « ville adaptable », c’est surtout considérer que celle-ci est éminemment vivante, que l’architecture n’est plus un objet fixe dans la ville mais sert toujours un récit plus vaste.
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