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L’amateur… rend possible l’imprévisible… — Communauté d’Agglomération Roissy Porte de France, Fosses
La commune de Fosses rencontre une problématique commune à de nombreux villages périurbains : quelle forme de développement et de densification prescrire face à l’étalement urbain qui ne cesse de progresser à un rythme accéléré et imprévisible ? La question de l'adaptabilité prend alors tout son sens.


L'Amateur a pour moteur « l'intérêt passionné » : il souhaite partager sa culture et ses connaissances pour une certaine qualité architecturale, en opposition à un consumérisme effréné qui tend à lisser les singularités. Pour sortir d’une passivité dictée par la société de consommation, notre démarche instaure une coproduction locale entre travailleurs et bénéficiaires. L’innovation de notre proposition réside dans l’immatériel, dans le regroupement.

Système basé sur la mise en relation d’acteurs et la volonté d’échanges, il a pour objectif de transformer ou de produire un patrimoine bâti, adapté et local. Il repose de ce fait sur un partage des compétences et des pouvoirs entre l’expert et le citoyen. Le système économique proposé utilise des statuts juridiques coopératifs immédiatement opératoires : la Société coopérative d’intérêt collectif SCIC et la Société coopérative et participative SCOP. Les rouages de cette mécanique ne sont pas dirigistes. Universel, le système peut s’adapter à diverses situations et à différents contextes territoriaux.

La matérialisation progressive des projets menés par la SCIC peut suivre différents scénarios imprévisibles. Micro maisons, micro collectifs, rénovations, transformations énergétiques du bâti existant permettent une densification qui répond non seulement aux attentes évaluées et quantifiées en nombre de logements mais intègrent progressivement cette demande dans le temps. La lecture sensible de l’arpenteur Amateur révèle alors les qualités « déjà là » : recenser les opportunités foncières et immobilières qui sont disponibles à proximité des services collectifs existants, plutôt que de s’emparer d’un site naturel circonscrit à un périmètre d’étude. Cette densification raisonnée valorise la réappropriation de l’existant et favorise les détournements : réinstaurer des micros centralités, générer de nouveaux réseaux de productions, de mobilités et d’emplois qui se matérialisent dans la maison du projet, le centre technique municipal, les ateliers relais de poterie, une ferme rénovée, de nouvelles fermes, le marché et une maison de retraite.

Le dessin est le médium qui autorise le dialogue et l’échange au sein des communautés d’Amateurs. Chaque opération projetée, bien que singulière, est rendue intelligible par un système de représentation universel : des notices de montage qui décrivent une qualité architecturale, des usages individués et un ensemble de prescriptions pour la mise en chantier. En ce sens, le dessin ne limite pas son champ d’action aux seuls interlocuteurs spécialistes, mais garantit la coproduction entre divers acteurs. Le système repose donc sur la volonté commune, alchimie fragile dont le catalyseur n’est autre que la force de conviction éminemment politique.
interviews
  • Arnaud Ledu, Architecte urbaniste
  • Parole à la ville
  • Parole à la commission ...
L'avis du jury
Ce projet processus se focalise sur les leviers à actionner pour que la ville se transforme sur elle-même. Le partage économique et social des compétences et des pouvoirs entre l’expert et le citoyen, à l’image des réseaux de production 2.0, fonde le projet. Des communautés d’Amateurs passionnés coproduisent un projet commun en s’aidant d’outils tels qu’une SCIC ou une SCOP. Les différents projets seront identifiés par la SCIC (dont la commune fait partie) qui tiendra lieu de maître d’ouvrage partenarial, tandis qu’ils seront conçus, étudiés, développés construits par la SCOP. A partir de ces outils, le projet développe spatialement un scénario de densification raisonné, permettant la réappropriation de l’existant : 70 micro-maisons et micro-collectifs se glissent dans tous les interstices du village et de ses lotissements. La maison du projet, implantée dans la ferme Laforest est le cœur du projet, le siège des SCOP et SCIC. Une nouvelle ferme et une maison de retraite complètent ce scénario esquissé de manière atypique sous forme de notice de montage des bâtiments.

Le jury a jugé la méthode envisagée juste dans son dimensionnement et son principe.  Le processus proposé a été estimé innovant mais aussi  très sérieux, solide et bien construit, à même de servir de modèle pour des sites similaires. Le processus de projet répond pleinement aux enjeux de la thématique de la session notamment dans sa capacité à mettre en place un catalyseur sensible aux qualités existantes.
L'équipe
Julien Boidot, Mathieu Holdrinet, Arnaud Ledu et Émilien Robin se rencontrent à Paris en 2006. Ils regroupent leurs activités distinctes au sein du collectif BoLeHoRo en 2010. Bien plus qu’un simple outil de travail, une grande table en bois sur mesure leur offre un véritable lieu d’échange, d’émulation et de partage d’expérience. Elle permet la mise en commun de réflexions menées sur des sujets et des échelles variés, allant du petit équipement culturel communal au projet urbain à l’échelle territoriale. En 2011, l’équipe reçoit une mention honorable à l’Europan 11 pour son projet intitulé « Prospectives … pour une stratégie du disponible », proposé sur le site belge de Sambreville.

Avec Europan, les membres du collectif s’accordent un recul sur la pratique du métier et les conditions de commandes des marchés publics ou privés. Las, ils souhaitent s’éloigner d’une production architecturale contemporaine victime des effets de mode, tel un produit de consommation standardisé. Pour eux, l’architecte, aujourd’hui dépourvu de nombreuses prérogatives, jadis essentielles, est réduit à assumer de multiples responsabilités contractuelles. Il se réfugie dans le rôle de simple designer urbain, et livre une architecture « packaging », bien souvent fade, dénuée de sens, qui fabrique des paysages urbains génériques.

C’est en véritables Amateurs passionnés d’architecture et de construction qu’ils décident de saisir à « bras le corps » le sujet de cette douzième session d’Europan. Dans un contexte où les territoires se transforment rapidement et où l’obsolescence des bâtiments guette dès leur livraison, ils réfléchissent à des solutions alternatives immédiatement opératoires. Par la force de proposition, ils ambitionnent de générer les opportunités de projets en redéfinissant les programmes qui leur sont soumis. En résistance, et persuadés d’une nécessaire remise en cause des conditions d’élaboration des projets, ils aspirent à prouver l’utilité sociale des architectes.
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