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FROM COLLAGE-SYSTEMS TO ECOSYSTEM — Istres

L’antipsychiatrie se présente essentiellement comme une contestation d’un système médical complètement inadapté aux nécessités de notre époque et qui s’appuie sur des critères erronés, correspondant aux présupposés idéologiques d’un type d’organisation sociale aujourd’hui dépassé. *
 
* Psychiatrie et antipsychiatrie, 1975, éditions Grammont.
 
Le débat ouvert dans les années soixante-dix par David Cooper dans le livre The Grammar of living remet en question l’approche de la profession de psychiatre et les institutions qui la soutiennent. En tant qu’urbanistes, nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation analogue à celle que les psychiatres ont vécue il y a plus de 50 ans. La typologie de la commande urbaine a évolué. Les transformations sociétales, l’économie néo-libérale financiarisée, le changement climatique et la raréfaction des ressources énergétiques influent sur la fabrique de la ville. D’un côté, l’instabilité chronique de notre époque rend les projets davantage perméables à la conjoncture qu’aux idées. De l’autre, les projets doivent désormais assumer une responsabilité sociale inédite, où des notions comme résilience, réemploi, recyclage, autosuffisance et réduction des émissions de gaz à effet de serre construisent une théorie du projet, lequel définit de nouveaux horizons dans la recherche urbaine et architecturale.
 
Notre proposition prévoit donc une approche aux antipodes de l’urbanisme planificateur. Cette stratégie prend le relais en actualisant tout simplement l’idée à l’origine de la recherche menée par l’Atelier de Montrouge, qui comparait le CEC à un véritable « germe de ville » permettant l’évolution dans le temps, la transformation, la disparition, la naissance de nouvelles fonctions. Même si les formes, les fonctions et les exigences ont changé, l’utopie à la base de l’histoire du site est nourrie à nouveau, dans une continuité intellectuelle et spatiale qui ne cesse de s’adapter aux évolutions de la société. Le projet pour le nouveau CEC relève ce défi, en offrant un outil de transformation douce.
 
Des installations légères, appelées “germes“, ayant pour objectif de modifier la perception du déjà-là, font ressortir les potentialités cachées d’espaces résiduels. Ces interventions produiront une réaction dans l’usage du site, en suivant un plan ouvert, sans présupposé, capable de prendre en compte toutes les évolutions inattendues.
 
Nous proposons d’accueillir les jeunes dans un centre d’insertion inclusif professionnel, afin de leur offrir des nouvelles perspectives. Nous allons réaliser la mutation du collège Alain Savary en manufacture populaire, soit un ensemble d’outils et d’équipements nécessaires à la création physique et virtuelle, tandis que l’ancien foyer des élèves deviendra quant à lui un espace de pépinière d’entreprises.
 
La proposition se déroule en deux temps : nous imaginons que ces germes, grâce à l’impulsion des nouvelles fonctions du site, se développeront rapidement dans un processus agile et résilient.
La planification réelle se fera donc graduellement par les usagers, qui s’appuieront au fil du temps sur ces dispositifs et les adapteront aux exigences du moment.


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>> Retrouvez ci-contre les 3 planches illustrées et le texte explicitant la relation du projet au thème de la session "Villes vivantes" ainsi que le processus de fabrication du projet. 


 
L'avis du jury
L’équipe propose une transformation du CEC par des installations légères, adaptables ou évolutives, se déployant dans des espaces résiduels. Le jury souligne le caractère agile de la proposition et la clarté d’un mode d’intervention peu invasif. La stratégie de programmation (insertion professionnelle, idée de manufacture populaire) apparaît comme très pertinente dans le sens où elle renoue avec la vocation originelle du Centre éducatif et culturel.
L'équipe


    Atelier Nicholas Diddi est une agence d’architecture et urbanisme créée en 2020. L’agence intervient dans des projets à la fois publics et privés, en profitant d’une connaissance particulière des dynamiques du chantier. La passion de l’acte de bâtir est accompagnée par une constante recherche théorique, qui devient le point de départ de chaque projet.


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