La problématique du quartier du haut Montreuil est représentative du développement du Grand Paris : comment profiter de l'opportunité que représente l'arrivée des nouveaux transports collectifs pour reconnecter un secteur de ville jusque-là isolé tout en préservant ce qui fait sa spécificité et sa richesse? Comment densifier un quartier, accueillir de nouvelles activités tertiaires et développer l'offre de logements sans reproduire le modèle ségrégatif de développement radioconcentrique?
Dans la perspective d'une ère post carbone nécessitant de relocaliser les échanges, il nous est apparu nécessaire de réintroduire une production nourricière de proximité, renouant ainsi avec une culture traditionnelle de la ville de Montreuil. Cette activité agricole vise non seulement à garantir un apport alimentaire, mais permet aussi d'organiser le cycle de consommation/production selon un fonctionnement vertueux d'échange et de revalorisation entre déchets, énergie et alimentation : à l'image de la couronne légumière du XIXème siècle, les nouveaux quartiers du Grand Paris pourront ainsi limiter l'impact de l'habitat sur le territoire.
Le quartier du haut Montreuil est caractérisé par une forte présence de grandes parcelles d’activités et d’entreposage dont la nécessaire mutation est l’un des enjeux fondamentaux du projet. Le démantèlement de l’A186 est une opportunité pour convertir ce qui est aujourd’hui une fracture qui divise le bas du haut Montreuil en un lieu de rassemblement. L’autoroute est transformée en une forêt linéaire qui tisse des liens entre ces deux quartiers, tout en proposant une mutation typologique de l’îlot par la restructuration des activités déjà sur place et la superposition de logements.
Le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps, mais aussi dans l'espace. À travers ce projet, nous avons tenté d'illustrer un processus de développement urbain dont la densité de l'habitat est déterminée par la capacité nourricière des espaces productifs (lanières agricoles, serres sur les toits). Ainsi c'est l'espace cultivé qui permet de définir la surface bâtie. L'espace public n'est plus un espace résiduel dédié aux voitures, mais devient la genèse du processus de création de la ville. Par un jeu d'opérations tiroirs initiées à partir d'une parcelle en mutation, les entrepôts existants sont réorganisés de façon à optimiser leurs emprises foncières et à créer les "chemins de traverse". Sur ces socles d'activités, dont les murs rappellent les murs à pêche, vont pouvoir s'ériger les constructions légères, dont la trame structurelle permettra la flexibilité des usages, entre logements et activité tertiaire, l'ensemble participant au fonctionnement de cet écosystème urbain.