Concilier centre urbain et économies fragmentées
Nous faisons l’hypothèse que la ville productive de demain sera multiple et dépassera largement les catégories traditionnelles : industrie, tertiaire, artisanat… Dans la lignée des recherches menées par le philosophe Bernard Stiegler, nous intégrons l’urgence de différencier l’emploi qui s’automatise (47% des métiers risquent de disparaÎtre dans les 2 prochaines décennies), basé sur des objectifs de consommation, et le travail qui est au contraire « désautomatisé », créateur de sens, d’imprévus, et de « capabilités ».
Cette nouvelle ville productive bouscule donc les façons de faire : apparition de nouveaux lieux et programmes, élargissement des lieux d’apprentissage, renforcement des liens entre lieux de travail et espaces publics…
Kintsugi et la stratégie des "Petits Moulins"
Kintsugi est un savoir-faire ancestral japonais de réparation des porcelaines cassées à base de coutures d’or qui tient compte du passé pour créer un nouvel objet sublimé.
La stratégie « Petits Moulins » s’appuie sur les pépites existantes (Hermès, Grands moulins, galerie Thaddaeus Ropac, ...) et propose une adaptation en douceur du tissu économique actuel dans le but d’y intégrer les lieux et les conditions de la nouvelle économie Bas Carbone et contributive tout en renforçant les économies et vocations existantes : luxe, métiers d’art, culture et sport. L’ensemble des ressources (matières premières, outils, lieux…) sont intégrées à la réflexion afin de créer un véritable écosystème écologique et apprenant.
Au nord, le projet se tourne vers l’Eco-logistique et l’Eco-construction, proposant une transition programmatique entre les activités en lien avec le réseau ferroviaire et l’espace public, et tirant profit des filières existant aujourd’hui dans les quartiers Cartier Bresson (recyclage) et Quatre-Chemins (artisanat). Au sud, la nouvelle école des Métiers et du Savoir-Faire se base sur une programmation innovante pour la recherche, la formation et le savoir-faire local, et vient également enrichir par des programmes ludiques l’axe du Canal.
À l’opposé d’une posture fonctionnaliste, le projet Kintsugi permet de laisser une grande place à la négociation dans le temps et à l’évolution et propose de rapprocher certaines fonctions clefs (distribution, formation, stockage, logistique, transformation…) dans une logique vertueuse : diminution des émissions carbone, augmentation de la circularité des ressources, mutualisation des besoins, interactions sociales…