Les problématiques de densité des territoires urbains et péri-urbains focalisent majoritairement la profession depuis plusieurs décennies. Hors, la problématique de la revitalisation des territoires ruraux nous a semblé, au sein des sujets proposés par Europan13, la question d’actualité. Une question d’actualité résumée simplement par Rem Koolhaas dans la revue Icon en 2014 dans les termes suivant « comment un village peut-il se dépeupler et croître en même temps ? »
De par sa problématique multi-site, le choix de La Corrèze a été l’occasion pour nous de formuler une réponse à la fois théorique (large et globale) et adaptable (précise et locale). Rompant avec nos « réflexes » d’architectes, nous nous sommes refusé de réfléchir à des projets finis. A la manière d’un exercice, d’une expérimentation, nous avons eu pour ligne de formuler une réponse ouverte, comme un mode opératoire avec pour objectif de formaliser un outil à disposition des différentes collectivités.
Des îles partagées propose des réceptacles pour des usages partagés, des catalyseurs comme autant d’imaginaires à inventer par la concertation. A partir de ces catalyseurs nous proposons d’ordonner un tissu bâti à venir afin de démontrer qu’il existe une corrélation entre aménagement urbain et interaction humaine. L’appropriation habitante fait vivre et ré-invente en permanence chacun des imaginaires et la somme de ces imaginaires génère un archipel rural. Notre attitude repose sur la nécessité de réponses au cas par cas dans un environnement rural sensible et fragile. Chaque île, et donc chaque imaginaire répond spécifiquement à un contexte. Nous avons défini cinq modèles théoriques d’îles qui développent un potentiel adaptable aux formes urbaines d’un village (îles logement, pavillonnaire, équipement, mixité, centre bourg). L’éclosion des îles favorise la réactivation des centres bourgs déshérités à travers un ordonnancement urbain propice à la création d’une vie de quartier. Composé d’une proximité d’îles contextuelles, l’archipel devient alors un tout composé de parties autonomes. Leur nombre, leur nature et leur ordre d’apparition s’adapte en fonction des besoins de la localité. La structure souple de l’archipel permet la diversité en termes de programmation, d’échelle et d’identité. Sa morphogénèse repose sur des règles non rigides qui lui permettent de s’adapter à une déclinaison de contraintes sans limites (tissu existant, géographie du site, mixité des programmes et/ou investisseurs pluriels).
Dans un tout « archipel », les îles qui le constituent restent autonomes; elles peuvent être réinterrogées à tout moment sans que l’équilibre global ne soit remis en cause. L’immuabilité du rapport entre les îles reste donc garantie tout en permettant un renouvellement et une ré-interrogation infinie.