Stratégie globale de maillage du territoire
La lecture du site de Saint-Brieuc nous a amené à aborder le territoire à partir d’une singularité qui se déploie sur la grande échelle : la ligne topographique 80 m NGF marque globalement une limite entre les espaces urbanisés des plateaux, et les espaces naturels des vallées tout en intégrant le centre-ville ancien dans ce dernier ensemble. Cette limite révèle la distance qui s’est progressivement installée entre la terre et la mer, marquée par un délaissement des coteaux, tant dans leurs usages (disparition des parcelles agricoles…), que dans leur forme paysagère actuelle, laissée en friche. La stratégie générale du projet consiste à intervenir sur cette bordure, à brouiller sa linéarité pour la rendre poreuse.
Mobilité & Paysage
Deux outils d’interventions sont mis en place pour recréer du lien entre les plateaux et les vallées, et se nourrissent mutuellement : le projet de mobilité donne à voir le paysage, le projet de paysage rend traversable le territoire.
Nous proposons un maillage de mobilités à deux vitesses par le croisement d’une boucle de transports en commun située sur l’axe gare-port avec un réseau piéton transversal arrivant depuis les coteaux. Les versants sont ainsi envisagés comme des espaces de connexions plutôt que de mise à distance.
En termes de paysage, le projet propose de nuancer le rapport binaire plateau/vallée à travers trois modes d’actions: l’interpénétration d’espaces naturels et bâtis (site des friches), la conversion d’espaces naturels en espaces vivriers (versant quartier Notre-Dame), et la transposition de paysage (centre-ville).
Usages mobiles & fixes
Sur cette trame, des ponctuations formées par des usages mobiles se situent à la jonction des différents quartiers pour relier et activer les connexions. Ces usages prennent la forme de camionnettes proposant sur des emplacements définis des services tels que cinéma, bibliobus ou food truck.
Les usages fixes (existants ou projetés) s’appuient sur les interventions paysagères pour former une complémentarité avec les usages mobiles temporaires. Ils rendent l’espace public appropriable, soit par la transversalité de leur implantation (dans les coteaux avec des usages culturels, de loisirs…), soit par leur durabilité (exemple : la micro-brasserie sur le site des friches).
La ville adaptable
L’ensemble du projet vise à définir un système paysager diffus, incluant la mixité des paysages et des usages et questionnant la réappropriation des coteaux. Nous ne proposons pas un projet figé, mais une transformation par actions ciblées dans le temps et l’espace. Cette méthodologie s’accompagne d’une économie de moyens pour créer d’abord des potentiels et éviter de concentrer les moyens de la collectivité dans une transformation immédiate. Cette stratégie est un système ouvert et évolutif qui permet d’ajuster les actions de transformation au fil du temps et des effets constatés avec l’ensemble des différents acteurs.