Le projet se saisit du périmètre du concours comme d’une pièce majeure de la ville d’Aurillac, interface entre le centre historique et la campagne du Puy Courny. A nos yeux, son échelle est sa grande force : 7,3ha publics de part et d'autre de rivière sont un atout que bien des villes envieraient.
La Jordanne arrive à Aurillac après un bref périple depuis les contreforts du puy de Peyre-Arse. Simple torrent, elle façonne une vallée glacière éponyme avant de passer une porte entre les deux éperons de St Etienne et de la Visitation aux pieds desquels Aurillac est installée.
Ces rives de Jordanne ont été le lieu des espaces-interfaces classiques d’une ville à la campagne : le Foirail, le Gravier et les cours, des espaces à vocations multiples pouvant accueillir des évènements quotidiens comme exceptionnels, à la fois marchés aux bestiaux, larges promenades plantées et lieux de fêtes, se faisant espaces de contact entre les différentes populations de la ville.
Puis il est devenu plus nécessaire de pouvoir garer sa voiture que d’exposer son bétail, plus pressant de distribuer le gaz de ville que de cultiver les potagers. Les parkings ont alors quadrillé les cours et la place Gerbert, l’enceinte d’Engie a clôturé les pentes du quartier du Buis et derrière son belvédère néo-romantique, les terrasses de la Visitation se sont enfrichées.
Aujourd’hui, le départ d’Engie et le programme de revitalisation du centre-ville posent la question de la façade d’Aurillac sur la Jordanne et du rôle de cette interface.
Le projet revendique le potentiel que représente 1.5km de rivière urbaine aux portes de la vieille ville et formule l’ambition d’un Grand Parc comme équipement paysager majeur pour Aurillac. Un espace public extensif aux usages multiples, incluant mobilité douce, logements, parkings, production énergétique et activités.
Il en développe 3 axes :
-Continuité et variété de la Jordanne : multiplier les accès à l’eau et diversifier les berges, en déployer les différentes séquences dans une approche à la fois ludique, patrimoniale et productive
-Plasticité et amabilité des stationnements de surface : optimiser leurs dimensions, les hiérarchiser et les redistribuer de façon à maintenir une facilité d’usage de la ville tout en regagnant des espaces publics articulant le centre-ville et la Jordanne. Anticiper l'évolution de ces parkings, pour une flexibilité d’usage ponctuelle comme pour une future reconversion.
-Nouveaux usages et productions émergentes : générer des espaces hybrides, des espaces de frottement capables d’accueillir ou d’inspirer des activités productives sans jamais qu'ils ne se ferment au citoyen, simple usager ou spectateur. Le quartier des Énergies en est la façade vivante non pas concurrente mais bien complémentaire du centre-ville.La démarche consiste à révéler le paysage des portes de la vieille ville, à en amplifier la géographie tout en la rendant praticable. Car valoriser le patrimoine urbain et paysager est aussi une activité productive, une production où la ville est sa propre matière première !