À la lisière entre plaine et montagne, le projet de l’Arc des Vivants redessine la strate intermédiaire de la Bastille. Cette frange urbaine devient un relais stratégique pour la faune et la flore, support d’une gestion alternative et sensible de l’eau, absorbant les aléas et irriguant les parcelles et jardins cultivés.
L’Arc des Vivants désenclave la “Micropole”, nom donné à l’ensemble bâti situé au cœur de cette terrasse intermédiaire, né de la mutation progressive des bâtiments universitaires vacants : résidences du Rabot et anciens instituts.
Par la requalification de cheminements existants et la création ponctuelle de quelques nouveaux accès, le projet vise à connecter la Micropole aux communes de son territoire, notamment à travers une promenade continue d’est en ouest traversant le Rabot. L’objectif est de dépasser la monofonctionnalité héritée du projet historique d’acropole universitaire, à travers le déploiement d’un foisonnement d’interrelations et de fonctions. L’accessibilité de certaines parties du site est améliorée, tout en régulant strictement ces accès. Les modes de déplacement sont collectifs ou actifs, pour aller vers une réduction forte puis une disparition de la voiture individuelle sur le site.
L’Arc des Vivants est un projet-processus qui imbrique les échelles et les temporalités pour proposer une programmation évolutive autour des arts et de la science. Le site du Rabot devient le site pilote d’un laboratoire à ciel ouvert pour l’observation et l’action dans un milieu à l’avant-poste du changement climatique.
Une palette de fonctions et d’activités aux rythmes complémentaires, pensées en imbrication avec celles des autres composantes du vivant sur le site, s’articulent autour d’une vocation centrale d’accueil de résidences associant artistes et scientifiques, œuvrant à des activités de recherche et de création.
Cette fonction centrale nécessite la création d’espace de bureaux, d’ateliers, d'espaces communs de rassemblement et de restauration, et d’hébergement pour des durées moyennes. Ces différentes natures d’espace permettent de valoriser les qualités propres à chaque type de bâtiments existants, depuis les bâtiments militaires aux qualités patrimoniales jusqu’aux bâtiments universitaires à la trame structurelle permettant une grande flexibilité. La mise en œuvre est envisagée comme un processus au long cours, s’appuyant sur la mise en place d’une “permanence architecturale” permettant l’accueil d’activités non-prédéfinies, et accompagnant l’évolution du site au fil des ans.
Le récit repose sur des “ingrédients” identifiés sur le site comme des éléments bâtis ou paysagers récurrents, que l’on retrouve en écho tout autour du bassin grenoblois, le long de la ceinture des forts du XIXe siècle. À long terme, les interventions initiées à la Bastille peuvent essaimer, sous forme de “résonances territoriales”, transformant progressivement l’ancienne ceinture fortifiée grenobloise en réseau de vigies climatiques.
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>> Retrouvez ci-contre les 3 planches illustrées et le texte explicitant la relation du projet au thème de la session "Villes vivantes" ainsi que le processus de fabrication du projet.